Depuis plusieurs annĂ©es, certains gĂ©rants de SELARL mal conseillĂ©s (notamment mĂ©decins, dentistes, IDEL…) dĂ©claraient leur rĂ©munĂ©ration en traitements et salaires, dans le seul but de bĂ©nĂ©ficier dâun abattement forfaitaire de 10 % pour frais professionnels.
Cette pratique Ă©tait dĂ©jĂ risquĂ©e, et elle est aujourdâhui clairement encadrĂ©e (et interdite dans la majoritĂ© des cas) par la lĂ©gislation fiscale. DĂ©cryptage.
đ Quâest-ce que lâabattement de 10 % pour frais professionnels ?
Lorsquâun salariĂ© dĂ©clare ses revenus au titre des traitements et salaires, lâadministration applique automatiquement un abattement de 10 %, censĂ© couvrir les frais professionnels courants (gestion administrative, dĂ©placement, repas, fournitures, etc.).
Cet abattement Ă©tait souvent perçu comme avantageux, car il permettait de rĂ©duire la base imposable avant calcul de lâimpĂŽt sur le revenu. Mais il Ă©tait surtout trĂšs mal compris par les professionnels libĂ©raux, et plafonnĂ© Ă environ 13.900⏠par an.
đ Attention : Cela ne signifie pas que l’impot avait baissĂ© de 10%, mais que la base imposable Ă©tait rĂ©duite de 10% ce qui n’a rien Ă voir !
đ En pratique : Ce plafond ne concerne que les professionnels dĂ©clarant plus de 139.000⏠de revenus par an. En dessous, lâabattement correspondait simplement Ă 10% de la rĂ©munĂ©ration.
đ Exemple : Un mĂ©decin cĂ©libataire sans enfant qui se verse 70.000⏠par an rĂ©duit son impĂŽt sur le revenu dâenviron 2.000 ⏠seulement grĂące Ă cet abattement (voir exemple plus bas dans cet article)
đ§ââïž Pourquoi certains gĂ©rants de SELARL voulaient-ils en bĂ©nĂ©ficier ?
Dans une SELARL, les associés peuvent choisir entre :
-
DĂ©clarer leur rĂ©munĂ©ration en BNC (bĂ©nĂ©fices non commerciaux) : ce qui est logique pour une activitĂ© libĂ©rale (soins, actes mĂ©dicaux…),
-
Ou en traitements et salaires, uniquement sâils nâexercent pas dâactes libĂ©raux et remplissent uniquement des fonctions de direction/gestion ce qui est trĂšs rare.
Certains professionnels ont donc Ă©tĂ© tentĂ©s de dĂ©clarer l’intĂ©gralitĂ© de leurs revenus en traitements et salaires dans le seul but de bĂ©nĂ©ficier de lâabattement de 10 %, totalement injustifiable pour un gĂ©rant de SELARLU (IDEL, mĂ©decin, dentiste…), car cela aurait voulu dire qu’il n’exerçait plus aucun soin, et que toute sa rĂ©munĂ©ration provenait de la gestion administrative.
âïž Une pratique dĂ©jĂ risquĂ©e avant 2024
Depuis la loi de finances pour 2013, lâadministration fiscale considĂšre que les gĂ©rants de sociĂ©tĂ©s dâexercice libĂ©ral qui exercent effectivement une activitĂ© de soins doivent dĂ©clarer leurs revenus en BNC.
Autrement dit : déclarer en traitements et salaires tout en continuant les soins est assimilé à une fausse déclaration, avec un risque de sanctions pour abus de droit.
Ce point a été précisé par la doctrine administrative (BOFiP) et plusieurs jurisprudences : il faut choisir un régime en cohérence avec son activité réelle.
đ« 2024 : la fin officielle des abus
La loi de finances pour 2024 est venue verrouiller cette possibilité.
Elle rappelle fermement quâun professionnel libĂ©ral exerçant dans une SELARL ne peut pas bĂ©nĂ©ficier de lâabattement de 10% dĂšs lors quâil continue Ă exercer des actes mĂ©dicaux ou paramĂ©dicaux.
đ Lâobjectif est clair : Mettre fin Ă une forme de contournement fiscal, utilisĂ©e par certains pour rĂ©duire leur impĂŽt sur le revenu, alors quâils conservent une activitĂ© libĂ©rale Ă part entiĂšre.
đ„ Exemple concret chiffrĂ© : gain dĂ©risoire, risque majeur !
Prenons lâexemple dâun mĂ©decin en SELARL, gĂ©rant majoritaire, cĂ©libataire, sans enfant, et continue dâexercer ses consultations mĂ©dicales au quotidien, qui se versait une rĂ©munĂ©ration de 70.000⏠par an.
đč ScĂ©nario 1 : DĂ©claration en BNC (rĂ©gime normal)
âĄïž Il Ă©tait imposĂ© sur une base de 70.000⏠(hors Ă©ventuelles dĂ©ductions supplĂ©mentaires)
đ° ImpĂŽt sur le revenu estimĂ© : environ 14.290âŹ
đč ScĂ©nario 2 : DĂ©claration en traitements et salaires avec abattement de 10 % (a titre d’exemple car strictement interdit)
âĄïž Lâadministration appliquait un abattement forfaitaire de 10 %, soit 7.000⏠dĂ©duits de la base de calcul.
âĄïž Base imposable = 63.000âŹ
đ° ImpĂŽt sur le revenu estimĂ© : Environ 12.190âŹ
đ Gain fiscal : 2.100 âŹÂ
Pour ce mĂ©decin, le gain net en impĂŽt serait de 2.100 ⏠par an, en contrepartie dâune dĂ©claration mensongĂšre sur la nature de son activitĂ© rĂ©elle. Le risque Ă©tait donc dĂ©mesurĂ© en comparaison du gain financier.
𧩠En résumé
LâintĂ©rĂȘt de la SELARL nâa jamais Ă©tĂ© de profiter de lâabattement de 10%, dont l’intĂ©rĂȘt reste limitĂ© une fois qu’on a vraimnet compris comment ça marche, et qui est dâailleurs illĂ©gal depuis plus de 10 ans dans la majoritĂ© des cas.
â Les vrais bĂ©nĂ©fices dâune SELARL rĂ©sident dans sa gestion, sa trĂ©sorerie Ă l’impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s, sa fiscalitĂ© optimisĂ©e, la souplesse dans la rĂ©munĂ©ration, la protection du patrimoine, entre autres nombreux avantages.
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